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George Michael: si gay si triste
Retour sur le parcours doulou­reux de l'artiste
La Rédaction | jeudi 23 avril 2015 à 20:56



Star des années 1980, George Michael, ancien sex symbol de la pop vit aujourd'hiu reclus, loin de la scène et des médias. Entre-temps, il en aura affronté des épreu­ves… dont celle de s'accepter.

L’ido­lâ­trie rendrait-elle aveugle? Entre 1981 et 1986, lors de la courte exis­tence du groupe Wham!, dont le nom sonne comme une blague de potache, des milliers d’ado­les­centes ne réalisent pas que les tenues et atti­tudes du leader George Michael sont autant de coming out invo­lon­taires. En minis­lip blanc assorti à ses dents (Club Tropi­cana), enca­pu­chonné de vison (Last Christ­mas) ou en micro­short bico­lore (Wake Me Up Before You Go-Go), le chan­teur gambade de clip en clip tel un Libe­race de la pop, à peine tempéré par son acolyte Andrew Ridge­ley, plutôt adepte des bermu­das et des jolies filles.

« Ce qu’on pouvait être effé­mi­nés, enfin surtout moi! », s’es­claf­fera George plus tard. En 1986, lors d’un concert mémo­rable à Wembley, les deux compères, qui se sont connus au collège à l’âge de douze ans, se séparent en s’étrei­gnant devant soixante-douze mille fans exta­tiques. Les années Wham! s’achèvent. Sans que George formule la moindre critique à l’égard de son comparse, bien moins talen­tueux que lui: « C’est grâce à Andrew que je suis devenu ce que je suis », confie-t-il dans le docu­men­taire A Different Story, sorti en 2005. « On avait la même éner­gie, le même humour. Pendant cinq ans, on a été de vrais amis. Ce que le public a bien compris: on ne faisait pas semblant. » Privé de son parte­naire à la voix d’or, Andrew tente vaine­ment de deve­nir pilote de rallye, rate son premier album et perd ses cheveux. La carrière solo de George Michael, elle, ne fait que commencer.

« Je n’ai jamais rencon­tré une star qui ne voulait pas l’être. » Lorsque le bellâtre prononce cette phrase, assu­mant ainsi son insa­tiable ambi­tion, en 1988, il est l’ar­tiste qui vend le plus de disques en Angle­terre. A seule­ment vingt-cinq ans! Grâce au minis­can­dale provoqué par la sortie de son single I Want Your Sex, pros­crit par la BBC, il troque son statut de minet guille­ret contre celui de chan­teur sulfu­reux, bardé de cuir et de clous. Son visage s’im­prime sur les pin’s et tee-shirts de la jeunesse bran­chée. Et l’Amé­rique s’ap­prête à lui décer­ner son premier Grammy Award.

L’oc­ca­sion de sortir du placard? Pour George, il n’en est pas ques­tion: « A cette époque, à part Elton John, aucun artiste n’as­su­mait son homo­sexua­lité, pas même Fred­die Mercury, précise Sylvain Zimmer­mann, rédac­teur en chef adjoint du maga­zine Têtu. L’ani­ma­trice Ellen DeGe­neres n’a fait son coming out que bien plus tard. Tout comme Ricky Martin. Mais si George ne l’a pas révé­lée, c’est surtout par rapport à sa mère. Le sida faisant de plus en plus de ravages, il ne voulait pas l’af­fo­ler. » Une vie amou­reuse équi­li­brée lui aurait sans doute faci­lité la tâche. Mais, à l’époque, le chan­teur se remet tout juste d’un amour impos­sible dont il fait allu­sion dans son auto­bio­gra­phie, Bare, écrite en 1990 (à l’âge de vingt-sept ans!): « L’échec de cette rela­tion a été pour moi dévas­ta­teur », écrit-il – en se gardant bien d’uti­li­ser le pronom “il” ou “elle”. « C’est comme si j’avais été dévié de mon axe et que j’avais perdu l’équi­libre (…) La raison pour laquelle cela n’a pas marché tenait à ce que je suis et à ce que je fais. »

Riche, célèbre et malheu­reux: le cliché semble taillé sur mesure pour George Michael. Mal à l’aise avec sa sexua­lité, il est aussi épuisé par la promo­tion de son album Faith: cent soixante-dix concerts à travers le monde qu’il manque d’an­nu­ler à mi-parcours à cause d’un kyste au larynx, dont il se fera opérer en urgence. A la veille de sortir son deuxième album solo, la star décide de ne plus appa­raître dans ses clips, cédant sa place aux tops Linda Evan­ge­lista, Cindy Craw­ford, Naomi Camp­bell ou encore Estelle Lefé­bure, qui se souvient d’une « personne d’une grande gentillesse, extrê­me­ment respec­tueuse », mais aussi de « son hyper­pro­fes­sio­na­lisme et de son perfec­tion­nisme » sur le tour­nage mara­thon de Too Funky, super­visé par l’ar­tiste durant vingt-quatre heures!

A l’époque, George justi­fie sa volonté de retrait dans Bare: « Si je me tiens à l’écart de la promo­tion et du marke­ting, alors peut-être aurai-je une chance de survivre en tant qu’ar­tiste et de deve­nir un être humain équi­li­bré. J’es­père que le public compren­dra… » Ses fans le comprennent. Sa maison de disques, beau­coup moins: elle annule la sortie du volume 2 de l’al­bum Listen Without Preju­dice. A la surprise géné­rale, le chan­teur traîne Sony Music devant les tribu­naux. "Il semblait être le pur produit d’un système et voilà qu’il se battait contre le système, raconte Hugo Cassa­vetti, chef du service Musique de Télé­rama, qui a rencon­tré le chan­teur à Londres. Toute sa carrière repose sur ce genre de contra­dic­tion: à ses débuts, on a pris Wham! pour un boys band alors que George était auteur, compo­si­teur et qu’il avait le contrôle de tout. C’est quelqu’un qui a toujours recher­ché une forme de norma­lité tout en jouis­sant d’un statut de star qui empêche toute norma­lité. Un mec vrai­ment éton­nant. Intel­ligent et complexe."

Au terme d’un procès fleuve, Sony remporte la bataille. Et George doit débour­ser dix millions d’eu­ros. Tous les grands artistes de l’époque ont beau le soute­nir dans l’épreuve (« Que Dieu bénisse George Michael », clamera même Prince lors d’un concert à Berlin), il est persuadé d’être « maudit ». Car un événe­ment bien plus grave est survenu dans sa vie privée: Anselmo Feleppa, le premier véri­table amour de sa vie, rencon­tré en 1991 à Rio, vient de mourir du sida. « Cela a été une terrible perte, mais la peur de le perdre était encore plus terrible que le chagrin de l’avoir perdu », confiera George des années plus tard.

Le lende­main de la mort d’An­selmo, il révèle dans une lettre à ses parents qu’il est gay et s’en­ferme pendant seize mois dans sa maison de verre, où lui parvient une autre terrible nouvelle: Duncan Gibbins, le vidéaste fétiche de ses débuts, réali­sa­teur des clips de Care­less Whis­per, Wake Me Up Before You Go-Go et Club Tropi­cana, est mort brûlé vif en voulant sauver ses chats dans le grand incen­die qui vient de rava­ger la Cali­for­nie. George ne compose plus, ne crée plus. Jusqu’au jour où, en une heure, il écrit ce que les critiques musi­caux consi­dèrent comme l’une des plus belles chan­sons de deuil, Jesus To A Child, hommage à Anselmo, qu’il chante vêtu de noir pour la première fois en live aux MTV Euro­pean Music Awards, en 1994: « Dans un dernier souffle tu as sauvé mon âme et tu m’a souris comme Jésus souri­rait à un enfant. »

Nul besoin d’un dessin. Le public de George Michael comprend. Tout comme les médias, qui lui fichent une paix rela­tive. « Lorsque le sida a commencé à faire des ravages, ce sont surtout les femmes, comme Eliza­beth Taylor, qui sont montées au créneau, analyse Sylvain Zimmer­mann. Qu’ils soient gays ou hété­ros, les hommes n’osaient pas le faire de peur que l’on en tire des conclu­sions trop hâtives. George Michael, lui, a pris la cause à bras-le-corps. Il a porté le ruban rouge à chacune de ses appa­ri­tions publiques. Et son impli­ca­tion, d’une certaine façon, peut être consi­dé­rée comme une forme de coming out. »

Le chan­teur n’est pas au bout de ses peines: sa mère, Lesley, qui l’a applaudi une dernière fois lors du concert Unplug­ged de MTV en octobre 1996, décède d’un cancer quelques semaines plus tard. George s’en­fonce un peu plus dans la dépres­sion, fume vingt-cinq joints par jour et s’adonne aux rencontres furtives dans des lieux publics. Le 7 avril 1998, dans un parc de Beverly Hills, un homme le suit dans les toilettes publiques et le drague. L’af­faire se corsant, il lui montre soudain son insigne de poli­cier et l’ar­rête pour compor­te­ment obscène.

Dès le lende­main, la star voit sa vie sexuelle étalée dans les jour­naux et à la télé­vi­sion. « Lorsque l’ac­teur anglais Hugh Grant a été pris en flagrant délit de rela­tion sexuelle avec une pros­ti­tuée dans une voiture, il s’est excusé piteu­se­ment avant de dispa­raître pendant plusieurs mois, se souvient Hugo Cassa­vetti. George Michael, lui, a immé­dia­te­ment affronté les médias. Et ce qui aurait pu être la honte de sa vie s’est retourné en sa faveur: une dénon­cia­tion des méthodes perverses de la police pour piéger les gays. » Certes, sur le plateau des grands talk-shows anglo-saxons où il est sommé de s’ex­pliquer, George n’en mène pas large: il a les mains trem­blantes et la mâchoire cris­pée. Mais sans pour autant nier ce qu’il appelle « un acte stupide et incons­cient », il joue les bravaches et fait preuve d’au­to­dé­ri­sion.

A l’ani­ma­teur David Letter­man qui lâche perfi­de­ment « Je ne veux pas vous mettre dans l’em­bar­ras en vous parlant de ça… », il répond: « Vous savez, j’ai le chic pour me mettre dans l’em­bar­ras tout seul, alors allez-y! » Lorsque le Britan­nique Graham Norton tente de lui extorquer des détails scabreux, il commence par « C’était un char­mant petit parc… », ce qui suscite l’hi­la­rité du public. « L’Amé­rique, qui est si puri­taine, adore ceux qui recon­naissent publique­ment leurs erreurs en y mettant de l’es­prit, précise Sylvain Zimmer­mann. Alors, en effet, au cours des années deux mille, George vendra moins d’al­bums, mais ses tour­nées sont des triomphes et, surtout, il conserve son statut de super­star."

Aux côtés de Kenny Goss, son nouveau boyfriend rencon­tré dans un spa ( »Respec­table!", préci­sera-t -il en riant), George retrouve un peu de séré­nité. Il se rapproche de son père, Jack, à propos duquel il avait dit dans son auto­bio­gra­phie: « Il avait prédit que je lui deman­de­rais toujours de l’argent à l’âge adulte. Eh bien, il avait raison. Je suis comme la reine d’An­gle­terre: je n’ai jamais de liquide sur moi! » Il envi­sage même sérieu­se­ment de sortir un album en colla­bo­ra­tion avec d’autres artistes gays.

Mais la mort rôde toujours autour de lui. En 2012, en pleine tour­née, une grave pneu­mo­nie, qui néces­site une trachéo­to­mie, manque de l’em­por­ter. Puis il apprend la dispa­ri­tion de Siob­han Bailey, qui fut son assis­tante person­nelle pendant vingt ans. Les épisodes inco­hé­rents se succèdent: il est plusieurs fois arrêté pour déten­tion de canna­bis et conduite en état d’ébriété, tombe d’une voiture en marche sur l’au­to­route, fait un malaise à son domi­ci­le… A cinquante et un ans, il semble avoir eu mille vies et ne plus savoir quoi faire de la sienne. Séparé de Kenny Goss depuis 2009, il se cloître dans sa maison de High­gate, au nord de Londres, d’où même son ami Elton John ne parvient pas à le délo­ger. Lui qui était un fervent adepte de Twit­ter ne commu­nique plus avec ses follo­wers. On songe alors à l’une de ses dernières confi­dences faite au quoti­dien anglais The Guar­dian, et qui prend aujourd’­hui des allures de prophé­tie: « Si on ne voit plus ma tête jusqu’à la fin de ma vie, je m’en fiche, ce n’est pas grave… il reste mes chan­sons. Et c’est ce qui compte, non? »

Pas si sûr pour les fans de la première heure…

Erick Grisel



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